Les fongicides identifiés comme principal facteur de déclin des bourdons par Machine Learning

Alors que de nombreux facteurs sont associés à l’érosion des populations d’abeilles, peu d’études s’intéressent à leurs interactions et encore moins à leur importance relative. En effet, il est méthodologiquement difficile de mettre en œuvre des expérimentations qui répondent à cette problématique. Il est nécessaire d’avoir un très grand échantillon afin de tirer des conclusions statistiquement significatives. De même lorsqu’une myriade de facteurs influe sur les paramètres suivis, les méthodes statistiques classiques se révèlent limitées.

Une équipe de chercheurs américains a fait appel à des techniques de Machine Learning (apprentissage statistique – champs d’étude de l’intelligence artificielle) pour hiérarchiser l’importance de ces facteurs sur la santé des populations de bourdons. Sur 284 sites répartis sur l’ensemble du territoire, les auteurs ont réalisé un inventaire des espèces de bourdons présentes. Sur huit de ces espèces (dont quatre menacées d’extinction), la présence de deux pathogènes (le parasite Crithidia bombi et le champignon Nosema bombi) a été étudié. En parallèle, ces sites ont été finement caractérisés selon l’occupation des sols (forets, terrain agricole …), le type de végétation, les coordonnés GPS et l’utilisation de pesticides (herbicides, insecticides, fongicides).

Sur les quatre espèces de bourdons menacées d’extinction, la présence de fongicides, en particulier le chlorothalonil, est corrélée positivement avec leur déclin local et la prévalence de N. bombi. A la différence des insecticides qui ciblent spécifiquement la neurobiologie des arthropodes, les fongicides ont un spectre d’action large, agissant sur des mécanismes de base largement partagés au sein de l’arbre du vivant (synthèse des protéines, respiration cellulaire). Ces derniers sont également les pesticides les plus abondamment retrouvés dans les produits de la ruche. Toutefois très peu d’études de laboratoire s’intéressent à leur impact sur la santé des abeilles. La latitude joue également un rôle sur le déclin local et la prévalence de N. bombi, les bourdons étant plus vulnérables au Nord, possiblement en réponse au changement climatique. De manière plus surprenante, la prévalence de N. bombi est corrélée négativement avec l’urbanisation. Les auteurs avancent notamment l’hypothèse que la diversité et l’abondance de ressources florales des jardins urbains améliorait la qualité de la ressource alimentaire et par conséquent les défenses immunitaires.

 

McArt SH, Urbanowicz C, McCoshum S, Irwin RE, Adler LS. 2017. Landscape predictors of pathogen prevalence and range contractions in US bumblebees. Proc. R. Soc. B 20172181.

merci pour ces informations, même si cela peut nécessiter un peu plus d'explications pour comprendre ce qui se passe au niveau de ces insectes quand ils sont exposés aux fongicides.

Par contre, ce que je note, c'est que les bourdons seraient plus heureux en ville, sous réserve que les habitants fassent attention et soient pro-actifs quant au développement de ressources mellifères. Ce constat va dans le sens de nos réflexions sur le développement des ressources pour les pollinisateurs, en particulier en milieu urbain. Voir le groupe thématique biodiversité et pollinisateurs

Les auteurs ont été les premiers surpris de trouver une prévalence moindre de pathogènes chez les bourdons des zones plus urbanisés, alors que d'autres études concluaient l'inverse (il existe 3 études sur cette thématique, le faisceau d'évidences est faible). Ces derniers restent très prudents dans l'interprétation de leurs données, rappelant qu'ils ne mettent en avant que des corrélations. Ils perçoivent leur étude comme un  moyen d'orienter des futures expérimentations plus "mécanistiques" (de type expérimentation en laboratoire avec un groupe témoin). Ils ont constaté qu'il n'existe aucune étude qui mesure la réponse des bourdons exposés à des fongicides et par conséquent alertent sur la nécessité d'en conduire. 

Merci de cet article Judith , il a été repris dans la revue «  la santé de l’abeille » dernièrement  , mais continuez à nous informer ... merci de votre engagement à nous instruire quelque peu 

Je ferais bien de prendre un abonnement pour l'année prochaine afin d'éviter les doublons !

 

Pas de souci pour les doublons, peu de personnes sont abonnés à la revue «  la santé de l’abeille », et il est important que ce type d'informations circulent.

Oui ne vous en faites pas pour les doublons ..comme le dit Denis peu de personnes lisent cette ( excellente) revue  . Cordialement Michel