Les abeilles domestiquées ont-elles un effet néfaste sur les abeilles sauvages ? Un constat mitigé

Alors que le nombre de populations d’abeilles domestiquées ne cessent de croitre pour répondre aux besoins de pollinisation de l’agriculture, leurs effets sur les populations sauvages est une source de préoccupation. Afin de dresser un état des lieu global et synthétique de cette problématique, une équipe de l’Université du Winconsin1 a collecté par le biais du moteur de recherche Web of Knowledge/Web of Science 3968 articles. Après une première analyse de ce corpus, ils se sont focalisés sur l’impact des populations domestiquées d’abeilles mellifères et de bourdons sur trois paramètres :

  • La compétition pour la ressource alimentaire : mesurée par le taux de visite des fleurs et comportement de nourrissage (Graphique A sur la figure)
  • Effet sur les communautés végétales : taux de pollinisation, succès reproducteur (production de fruit, de graines), modification de l’abondance des espèces (Graphique B sur la figure)
  • Les pathogènes : présence/absence, fréquence de détection, taux d’infection par individu (Graphique C sur la figure)

 

Cette figure synthétise pour chaque catégorie le nombre d’études qui rapportent des effets positifs (-), neutres (0), négatifs (-) et mitigés (mixed) des abeilles domestiquées sur les abeilles sauvages. Une distinction est également faite si l’étude a été réalisée dans une zone ou l’espèce domestiquée est « native » (en gris) ou introduite (en noire).

Cette vue d’ensemble tend à montrer que les populations domestiquées ont un effet négatif sur les populations sauvages sans toutefois pouvoir estimer la magnitude de ces effets. Par exemple, il existe bien des phénomènes de compétition pour l’accès à la ressource alimentaire mais pour l’instant aucune donnée n’indique que cette compétition se traduit par un déclin des populations sauvages, peu d’études s’étant intéressées au sujet. Des observations similaires s’appliquent pour la transmission des pathogènes. Alors que la plupart des études comparent la présence de pathogènes entre les populations domestiquées et sauvages, peu mesurent l’effet de ces pathogènes sur les populations sauvages. Par ailleurs, les voies d’infection restent méconnues. La littérature existante suggère que ce sont les populations domestiques qui infectent les sauvages, pouvant contribuer au déclin des dernières.

Aussi, l’importance relative des abeilles domestiques sur le déclin des sauvages par rapport aux autres facteurs (pesticides, agriculture intensive …) est inconnue. Faire la lumière sur ces questionnements se heurte à la difficulté logistique de conduire des expériences capables d’y répondre2. Toutefois plusieurs principes de précautions peuvent être mis en œuvre :

  • De bonnes pratiques de prophylaxie sur les populations domestiquées pour réduire la transmission des pathogènes
  • Mise en place d’une démarche d’apiculture « raisonnée » adaptée au contexte local : exclusion des populations domestiquées en présence d’espèces sauvages en voie de disparition, seuil de densité.

 

1 Mallinger RE, Gaines-Day HR, Gratton C (2017) Do managed bees have negative effects on wild bees?: A systematic review of the literature. PLoS ONE 12(12): e0189268. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0189268

Les fongicides identifiés comme principal facteur de déclin des bourdons par Machine Learning

 

 

Que du bon sens dans les conclusions de ce très bon résumé ..nous voyons aussi que les études manquent cruellement de données sur l’impact des intrants chimiques et des pathogenes ...évidemment de telles études demanderaient des moyens financiers et ne rapportent rien d’un point de vue rentabilité immédiate .helas comme souvent .. Michel

Outre les moyens financiers devant mis en oeuvre, il y a une réelle difficulté méthodologique à étudier hors laboratoire les facteurs de stress et leur impact relatif sur les populations. Un de mes précédents billet "Les fongicides identifiés comme principal facteur de déclin des bourdons par Machine Learning " traitait de cet éceuil.