Les abeilles essaiment dans les entreprises
Reprise d'un article paru dans l'Alsace en mai 2015: ENVIRONNEMENT. Les abeilles essaiment dans les entreprises. Le 26/05/2015 par Philippe Wendling
Article dans lequel J.C.Moes est interviewé, et où est mentionné le partenariat récent entre Asapistra et la CTS (Abeill'en ville).
Motivées par une volonté de préservation de la biodiversité, mais pas seulement, les sociétés de l’agglomération strasbourgeoise sont de plus en plus nombreuses à accueillir des ruches sur leur site. Explications.
Les trois ruches installées en terrasse au centre commercial Rivétoile, près de la place de l’Étoile à Strasbourg. Photo Rivétoile/l'Alsace.
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Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les abeilles se sentent désormais mieux en ville qu’à la campagne. « En raison du développement de la monoculture et de l’usage de produits chimiques, elles disparaissent progressivement des champs, où elles n’ont plus de quoi se nourrir, déplore l’apiculteur strasbourgeois Jean-Claude Moes. Au contraire, elles trouvent des condi-tions de vie propices dans les zones urbaines, où l’on applique de plus en plus la règle du zéro phytosanitaire. »
Face à ce constat, des collectivités locales ont décidé d’introduire des ruches sur leur ban, à l’instar des Villes de Schiltigheim, Fegersheim et Lampertheim depuis un peu moins d’une poignée d’années. S’inspirant de leurs actions, de plus en plus d’entreprises font de même. « En la matière, les sociétés de l’agglomération strasbourgeoise font partie des pionnières et des bonnes élèves » , pointe Jean-Claude Moes en citant, parmi elles, le magasin Les Galeries Lafayette, la menuiserie Abeco ou encore la malterie Cargill.
« Favoriser la pollinisation, maintenir la biodiversité »
Dernier exemple en date : la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) a installé, mercredi dernier, trois ruches dans son dépôt de la Kibitzenau, en partenariat avec l’Association apicole de Strasbourg (Asapistra). Cette initiative, qui s’inscrit dans la politique de développement durable de l’entreprise, vise à participer « à la protection et à la réinsertion des abeilles en ville » , à favoriser « la pollinisation et à maintenir ainsi la biodiversité ».
Une volonté que partagent, pour ne citer qu’eux, les Transports Woehl, qui abritent trois ruches au Port-du-Rhin, depuis 2011. « Il s’agit pour nous d’une démarche environnementale au même titre que l’utilisation d’un véhicule au gaz naturel pour nos livraisons dans Strasbourg » , explique Jean-Philippe Gilger, en charge du dossier pour le transporteur.
Ce geste est d’autant plus simple, selon lui, qu’apiculteurs privés ou associatifs proposent désormais des solutions clés en main aux entreprises : « Chez nous, c’est Jean-Claude Moes qui s’occupe de la gestion et du soin de nos abeilles, ainsi que de la récolte et du conditionnement du miel. Accueillir une ruche ne pose donc aucune difficulté, à la condition de lever l’aspect psychologique, c’est-à-dire la peur, qui peut freiner certains. »
Un positionnement gagnant-gagnant
« Oui, les abeilles peuvent piquer, mais elles ne sont pas agressives et ne vont pas forcément entrer dans les bureaux ou les ateliers. En revanche, elles sont indispensables à la biodiversité. Il est donc important de combattre la méconnaissance de leur monde, martèle Jean-Claude Moes. Quand les gens sont conscients de l’enjeu que représente leur protection, les choses se passent très bien. La meilleure preuve se trouve à la chocolaterie Suchard qui, après avoir implanté trois ruches, en compte maintenant 18 dans son usine à Neudorf, grâce au parrainage de ses salariés. »
La présence de ruches est intéressante pour la biodiversité, mais aussi pour les entreprises, poursuit Jean-Claude Moes. Par exemple, le fait d’en avoir posé trois en terrasse a permis au centre commercial Rivétoile « de gagner des points dans le cadre de la certification Breeam-in-Use, qui confirme les qualités intrinsèques de notre bâtiment en matière d’exploitation technique, de performance environnementale et de maîtrise des risques » , se réjouit sa directrice, Florence Feldmann. « Nos colonies d’abeilles prospèrent bien et ne sont à l’origine d’aucune nuisance », constate-t-elle, en précisant d’ailleurs que « les riverains du centre viennent de voter leur reconduction ».
« Des saveurs gustatives étonnantes »
Pas question, pour autant, que Rivétoile accroisse son cheptel. « Nous sommes un centre commercial, rien d’autre, dixit Florence Feldmann. Nous n’avons pas vocation à devenir des apiculteurs professionnels ou à nous lancer dans une production importante de miel. Celui que nous récoltons déjà nous sert lors d’ateliers culinaires ou est offert à nos partenaires et à nos clients à l’occasion d’événements. Il est très recherché ! »
Précision : les quelque 20 000 abeilles qui peuplent une ruche produisent, en moyenne, 15 à 30 kilos de miel par an. Du fait qu’elles butinent en ville « des « plantes exotiques [NDLR : inexistantes à la campagne], salive Jean-Claude Moes, leur miel offre des saveurs gustatives étonnantes. Une raison de plus d’encourager les entreprises à s’intéresser aux abeilles. »
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