Enquête nationale de mortalité hivernale des colonies d’abeilles de l’Hexagone durant l’hiver 2022-2023
PRINCIPAUX RÉSULTATS
- 31,2 % de participation à l’enquête (légèrement plus basse que l’année dernière : 32,4 %)
- 25,6 % de pertes (incluant les colonies mortes, bourdonneuses, faibles et accidentées) estimées lors de l’hiver 2022-2023 dont 17,5 % de colonies mortes
- Aucune perte déclarée à l’hiver 2022-2023 pour un tiers des répondants (33,1 %)
- Première cause de pertes identifiée par les répondants : colonies faibles à l’hivernage (30 %)
- Moyens de lutte contre le varroa en 2022 mis en place à 90,8 % dont plus de 96 % de traitements médicamenteux
Site Internet de l'enquête : Premiers résultats de l’ENMHA durant l’hiver 2022-2023
Pour lire le rapport détaillé : Enquête ENMHA, premiers résultats, rapport détaillé, juillet 2023.
Résumé
Depuis six ans, l’enquête nationale de mortalité hivernale des colonies d’abeilles (ENMHA) permet d’estimer les pertes de colonies (en ruches, ruchettes et nuclei) observées par les apiculteurs en sortie d’hiver. Cette année encore, la participation est supérieure à 30 %. Le taux de pertes estimé est de 25,6 % avec un intervalle de confiance à 95 % de [25,4 – 25,75] dont 17,5 % [17,3 – 17,6] de colonies mortes et le reste considérées comme accidentées ou non-valeurs. Le taux de pertes est légèrement plus faible qu’à l’hiver 2021-2022. Cette année, des regroupements de départements avec un taux de pertes supérieur à 30 % sont observés dans l’Est des Pyrénées, le nord de la France et le Centre-Est. A noter que près d’un tiers des répondants (33,1 %) n’a pas observé de pertes à la sortie d’hivernage. La première cause de pertes identifiée par les apiculteurs est la faiblesse des colonies à l’hivernage suivi du frelon asiatique pour les apiculteurs ayant mis en hivernage moins de 200 colonies ou de V. destructor pour les apiculteurs de 200 colonies et plus. Seulement 33 % des répondants ont mis en place une surveillance de l’infestation par le varroa hors période de traitement en 2022 et 90,8 % des répondants ont mis en œuvre un moyen de lutte contre le varroa dans les quinze mois précédant la sortie d’hivernage 2023, avec des traitements médicamenteux pour 96 % des répondants. De nombreuses questions sur divers sujets ont été posées dans le questionnaire et une analyse plus approfondie est nécessaire pour mieux comprendre les pratiques apicoles et les mesures mises en place par les apiculteurs ainsi que leurs liens avec les pertes observées. Cependant ces analyses permettront simplement de générer des hypothèses sur les facteurs de risques potentiels des pertes hivernales qui pourront donner lieu à des études spécifiques.
Conclusion
Depuis le lancement de l’enquête nationale en 2018, la participation a fluctué au cours des années. Cependant depuis 2021, une augmentation régulière ainsi qu’une stabilisation de la participation s’observe autour de 30 %. Le travail de communication plus ciblée auprès des apiculteurs a pu favoriser ce regain de participation. Une amélioration de la participation des apiculteurs pluriactifs et professionnels (plus de 50 colonies) permettrait de mieux équilibrer les populations de répondants et ainsi de se rapprocher de la situation nationale. En effet, les apiculteurs de plus de 50 colonies sont sous représentés dans l’enquête (5 % des répondants) par rapport à la situation nationale (8,9 % des apiculteurs sollicités) (Annexe 1 – tableau 2).
Toutes tailles des cheptels confondues, le taux de pertes est estimé à 25,6 % [25,4-25,75] pour l’hiver 2022-2023 et le taux de mortalité à 17,5 % [17,3-17,6]. Ces estimations sont légèrement plus faibles qu’à l’hiver précédent et 6 légèrement plus élevées qu’à l’hiver 2020-2021 .
Ces estimations de pertes devraient être comparées à une valeur de référence considérée comme acceptable en France (c’est à dire un seuil de pertes en-dessous duquel les pertes sont considérées comme raisonnables en hiver sous des conditions apicoles normales). Le seuil empirique de 10 % avait été proposé à l’époque de Résabeille en France (programme de surveillance de la mortalité de 2012 à 2014) à défaut de valeur de référence existante. Il n’y a pas eu d’étude depuis permettant d’ajuster ce seuil au niveau national. Les chiffres de Résabeille dans lequel six départements français participaient indiquaient environ 13 % de pertes moyennes hivernales pour la France. La définition de perte hivernale était la même que celle utilisée pour ENMHA. Les estimations de pertes calculées à partir des données de l’enquête nationale sont largement supérieures à ce chiffre. Cependant la comparaison doit être faite avec précaution entre ces deux études notamment parce que Résabeille et l’enquête nationale n’ont pas été construits avec la même méthodologie (programme de surveillance de ruchers sélectionnés de manière aléatoire pour Résabeille vs. sondage envoyé à tous les apiculteurs pour recueillir leurs observations pour l’enquête).
L’enquête présente une force importante. Elle est envoyée à l’ensemble des apiculteurs déclarés et joignables par mail et offre donc l’opportunité de recueillir des informations sur l’ensemble de la population. On ne peut toutefois pas exclure que les caractéristiques des apiculteurs ayant répondu à l’enquête diffèrent des non répondants entraînant des biais sur nos estimations qu’il faut prendre en compte.
D’autres parties du questionnaire n’ont pas encore été analysées telles que les pratiques des apiculteurs avant et pendant l’hivernage et les caractéristiques de l’apiculteur. La gestion du varroa pendant l’année qui précède l’hivernage a commencé à être décrite dans cette présente note mais d’autres questions sont à prendre en compte pour bien comprendre la gestion mise en place. Il est prévu de décrire toutes ces parties ainsi que d’étudier les éventuelles associations entre elles et avec les mortalités observées. Il convient toutefois de préciser que ces analyses ne permettront pas d’établir de liens de cause à effet mais simplement de générer des hypothèses sur les facteurs de risques potentiels de la mortalité qui pourront donner lieu à des études spécifiques, éventuellement localisées et dans des conditions mieux maîtrisées.
Au sujet de cette enquête :
- Groupe de suivi ENMHA de la Plateforme ESA (par ordre alphabétique) : Quentin Bicego (GDS France), Samuel Boucher (SNGTV), Sophie Carles (INRAE), Jacques Chaume (GNTSA), Florentine Giraud (FNOSAD), Marion Laurent (Anses), Fayçal Meziani (DGAl), Emma Nozières (ADA France), Muriel Orlowski (DDecPP), Cédric Sourdeau (DGAl), Julien Vallon (ITSAP), Sébastien Wendling (DGAl)
- Auteur correspondante : marion.laurent@anses.fr, enquete-nationale-abeilles@anses.fr
- L’Enquête Nationale de Mortalité Hivernale des colonies d’Abeilles (ENMHA) de l’hexagone durant l’hiver 2022-2023 a été lancée le 6 mars et s’est clôturée le 15 mai. Au total, 57 817 apiculteurs parmi ceux ayant déclaré leurs colonies l’automne précédent ont été invités à participer à l’enquête et 18 070 ont répondu.
Défaut de surveillance de l'infestation au varroa.
Surveillance de l’infestation par le varroa hors période de traitement
Parmi les 88,6 % répondants à la question de la surveillance de l’infestation par le varroa en 2022, 66 % ont indiqué ne pas en avoir mis en place en dehors de la période de traitement. Seulement un tiers (32,1 %) des répondants possédant moins de 11 colonies et près de 44 % des apiculteurs de 200 colonies et plus ont mis en place une surveillance de l’infestation hors période de traitement en 2022 (Figure 7). Il est utile de signaler que connaître le niveau d’infestation de ses colonies par le varroa hors période de traitement est important pour mieux comprendre l’évolution de la charge parasitaire en saison et ainsi mieux adapter la mise en œuvre des moyens de lutte disponibles (méthodes biotechniques, traitements médicamenteux) selon la destination du cheptel et les productions attendues. L’analyse des méthodes utilisées et des périodes d’évaluation qui est programmée permettra de mieux comprendre la surveillance mise en place.
- Identifiez-vous pour poster des commentaires
- 769 lectures