L’Open Access pourquoi c’est important ?
Soumis par Anonyme (non vérifié) le mer, 13/12/2017 - 12:38
Forums:
Je m’éloigne des thématiques de recherche apicole pour rédiger un billet à propos de l’Open Access ou Libre Accès et pourquoi c’est important (bien que ça paraisse barbant).
Il est difficile d’évaluer le travail d’un chercheur, une des rares métriques existante est le nombre d’articles publiés. En plus de l’aspect quantitatif, il y a l’aspect « qualitatif » c.-à-d. si l’article a été publié dans un journal influent, mesuré par son facteur d’impact (bien qu’en réalité cela ne présage pas nécessairement de la qualité de la recherche, c’est plutôt une course à la popularité). Ces journaux sont possédés par des éditeurs, Elviser étant le plus important.
Comment se passe le processus de publication ?
1 – Les auteurs soumettent l’article à un journal, de préférence à celui ayant le plus gros facteur d’impact de la discipline.
2 – Le journal va adresser votre article à d’autres chercheurs (les reviewers, non rémunérés et anonymes pour les auteurs) qui vont le juger digne ou non d’être publié et feront des commentaires pour l'améliorer.
3- si les reviewers acceptent le papier, un jeu d’aller-retour s’engage avec les auteurs jusqu’à ce que le manuscrit soit considéré comme apte à la publication.
4- les auteurs s’acquittent des frais de publication auprès de l’éditeur, l’éditeur récupère les droits de l’article, le met en ligne. Pour avoir accès à l’article, on peut soit le payer à l’unité ou votre employeur prend un abonnement annuel pour un bouquet de journaux (même principe que pour Canal +)1.
Récapitulons, les auteurs et les reviewers, rémunérés en partie par les deniers publics fournissent un travail gratuit pour l‘éditeur, les auteurs s’acquittent des frais pour la publication, sont dépossédés légalement des droits et doivent payer une somme conséquente pour y avoir accès (toujours sur deniers publics). Un problème moral se pose, le grand public qui finance la recherche académique via l’impôt n’a pas accès librement au produit de cette recherche.
Depuis quelques années, une alternative émerge via les journaux en Open Access. Le processus de publication reste le même, les frais de publication sont parfois plus importants mais les articles sont libre d’accès. Les articles que je présente dans mes brèves sont généralement en Open Access.
Toutefois l’Open Access n’est pas encore entré dans mœurs. Les revues le plus prestigieuses sont celles qui sont également payantes. Par conséquent, un chercheur, surtout en début de carrière, va courir après les revues les plus prestigieuses dans l’optique de sécuriser un des rares postes ou financment disponibles en recherche académique. Il existe également certains journaux dits prédateurs qui vont publier tout et n’importe quoi au détriment de la qualité pour se faire de l’argent sur les frais de publications, ce qui n’améliore pas la réputation de l'Open Access. Afin de promouvoir son utilisation, le législateur a pris les devants. Par exemple, tout produit de la recherche financé sur fonds européens doit obligatoirement être publié en libre accès2.
Les éditeurs traditionnels ont bien flairé le coup, certains journaux bien que payants proposent de vous acquitter de frais de publications supplémentaires pour que votre article soit en Open-Access. Le nœud du problème bien qu’atténué reste le même, l’éditeur récupère gratuitement le produit de votre travail et vous fait payer pour le publier. D’autre initiatives ont vu le jour, comme le serveur bioRxiv qui permet le dépôt gratuit de vos articles mais ne comprend pas le processus de relecture. Certains chercheurs l’utilisent comme une première étape avant soumission à un journal, la version brute avant l’intervention de l’éditeur étant libre de droit. D’autres, plus téméraires, s’affranchissent complètement du processus de publication classique et communiquent leurs travaux exclusivement sous cette forme ou via les réseaux sociaux et blogs. Les méthodes d’évaluation de leur travail restent à inventer...
1 Pour mémoire quand j’étais à la fac de Metz (2008-2011), le chiffre de 300 000 € avait été avancé pour l’accès à Science Direct, la plateforme d’Elviser
2 Source: http://ec.europa.eu/research/openscience/index.cfm?pg=openaccess
- Identifiez-vous pour poster des commentaires
- 4256 lectures
Une approche scientifique extrêmement appréciable
Bonjour Judith,
C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je lis tes articles postés sur le site d'Asapistra.
C'est une chance d'avoir ce regard scientifique sur les sujets qui attraits à l'abeille et son écosystème en général.
J'en profile pour te remercier, je reconnais le travaille de recherche et de publication que cela demande.
Je te souhaite de bonnes fêtes de fin d'année en espérant lire d'autres articles de cette qualité en 2018.
Amicalement,
Nicolas.
Président d'Asapistra.
Merci Nicolas !
C'est un plaisir d'échanger avec d'autres passionnés. Je vais ajouter une ligne sur mon CV - réfèrent scientifique pour le compte d'Asapistra
Je te souhaite également de bonnes fêtes de fin d'année
Bises
Judith
Je me joins aux félicitations
Je me joins aux félicitations de Nicolas et suis parfaitement d’accord pour cette ligne de votre CV soit ajoutée. , je pense néanmoins que devrions avoir l’accord de tout le bureau du CA d’asapistra ,ce qui ne saurait manquer je le pense à très bientôt
michel